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Dès le départ, j’ai voulu travailler avec un compositeur pour créer une musique originale à même de traduire la singularité et l’énergie
du scénario. J’ai rencontré Olivier qui a tout de suite été enthousiaste à l’idée d’imaginer l’univers musical du film. Olivier a une approche très visuelle de la musique. Il a compris l’importance de l’espace et du vide, car Taro est un film de contrastes, et la musique soulignera l’hétérogénéité des univers. Olivier a travaillé avec un orchestre complet à Cologne : j’imagine aussi pour Taro une collaboration avec des musiciens afin d’illustrer avec finesse et puissance la tension narrative.J’ai initialement écrit Taro en imaginant une seule ambiance musicale, celle de la scène finale face à l’océan. L’univers de mon film se nourrit des notions d’espace, de lumière et d’immortalité. La première partie
du film est une translation, un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, de la vie vers la mort. Marc et Taro sont des héros immortels et pourtant éphémères. Ils traversent les tunnels et n’imaginent pas qu’ils sont sur le point d’entrer dans un lieu infernal qui va les engloutir.

 

J’ai spontanément choisi pour le début du film une musique d’inspiration électro pop rock, entrainante et rythmée, une usique ouverte, proche de l’univers musical de road movies comme Easy Rider, pour traduire la sensation de liberté absolue qu’éprouvent les deux amis.
La deuxième partie du film, à partir du « game over » du flipper,est une descente aux enfers, à la fois violente et subtile.
Le spectateur sera plongé dans une incertitude, tiraillé entre la beauté et la violence du lieu. L’espace s’étant refermé comme un piège sur Marc et Taro, la musique évoluera et gagnera en intensité à mesure qu’ils descendront dans la Passerelle, jusqu’à la rencontre avec
Camille, qui semble être un ange au milieu des démons.

 

L’interlude de Burntoy et Carlotta rappelle volontairement l’univers ircassien, afin de générer une sensation de mystère.
La musique est centrale dans cette scène ; c’est le jeu hypnotique de Carlotta et Burntoy qui va entrainer Taro vers son bourreau, Camille.
Une orchestration de bruits industriels constituera l’ambiance sonore de la scène d’amour sadomasochiste entre Taro et Camille.
La traversée de la salle des colonnes est un passage clé du film. C’est un sas entre l’intérieur et l’extérieur, entre deux épreuves : celle du squat et la rencontre avec le prêtre. On entre alors dans une phase spirituelle et mystique. Les deux garçons traversent la salle au ralenti, comme des astronautes dans l’espace. Nous retrouverons alors un univers sonore orchestral moderne, pour souligner la puissance symbolique de cet instant.Au bout de la salle des colonnes, le silence envahit l’espace, puis on entend en crescendo une musique indienne, le « chant du berger » (Govinda). A ce moment, un autel en hommage à Krishna se dresse devant Marc et Taro. Les sept musiciens
assis face à l’autel les emmènent dans une douce transe. La flûte de Krishna berce les deux amis qui semblent sauvés. Le chant
harmonieux de Govinda leur décrit un Eden sublime, un vrai refuge.On continue à entendre « Govinda » lorsque Marc et Taro réapparaissent sur leur mobylette dans le voyage qui les mène de Paris à la mer.« Govinda » s’estompe avec la musique du ressac et de la mouette qui les « accueille ».

 

Enfin, après la scène de l’église, fondée sur le dialogue et dépourvue de musique, Marc et Taro font face à leur destin et à l’infini sublime, accompagnéspar une musique lyrique romantique qui les porte.

 

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